Durant des siècles le statut du breton dans les écoles de la région de Bretagne a toujours été problématique. Cette langue après les deux guerres mondiales et l’occupation a beaucoup souffert de la perte de ses locuteurs et l’expansion de son apprentissage devient de plus en plus décourageant.
Aujourd’hui depuis plus d’une centaine d’années la campagne de revitalisation de la langue s’accentue, mais il y a toujours un problème de transmission et jusqu’à 2010, les bretonnants n’atteignent pas les 6% de la population de la Bretagne. Les « zones âgées » étant toujours là où se trouvent la plupart des locuteurs.
La langue bretonne face à ses oppresseurs
C’est bien clair depuis la Deuxième Guerre mondiale, le français est devenu la langue de prestige, non seulement en Bretagne, mais aussi partout en France. Cependant, bien avant en 1831, il y avait déjà un esprit de destruction de la langue pour les préfets du Finistère et des Côtes-du-Nord.
Sous l’impulsion de Jules Ferry, de 1880 à 1887, tous les enfants commencent à avoir une éducation primaire gratuite en français, cela va accélérer l’élimination du breton et des autres langues minoritaires/régionales. Dans le deuxième article de la Constitution française de 1958, il est proclamé que « la langue de la République est le français […]» [1]
On voit que le gouvernement est prêt à tout faire pour garder le français comme la langue du peuple français. Cela se confirme avec l’arrivée de la loi Toubon de 1994 qui est destinée à protéger le patrimoine linguistique français face à l’anglais. Mais qui protège le breton, et même les autres langues minoritaires, face au gouvernement et à la langue française ?
La standardisation du breton
Comme toutes les autres langues, la langue bretonne a survécu à plusieurs normalisations et réformes constantes sur son orthographe. Aux XVIIIe et XIXe siècles, le breton a été réformé par les jésuites et en 1716 Dom Louis Le Pelletier a écrit son Dictionnaire de la langue bretonne qui a proposé la standardisation de w dans gw et k devant les voyelles e et i. Postérieurement, La réforme de Le Gonidec, dans les années 1800 à 1840 consacre le dialecte de Léon, mais il existe toujours plusieurs orthographes selon les différents dialectes autour de la région.
En 1941 un groupe d’écrivains va adopter comme le peurunvan « totalement unifiée » ou écriture « zh » comme l’orthographe de la langue unifiant les graphies du vannetais et des autres dialectes du breton. De la même façon, une orthographe universitaire et une nouvelle version, datée de 2009, de l’orthographe peurunvan persistent.
Mais comment peut-on vraiment unifier l’orthographe d’une langue quand celle-ci a commencé par avoir un chemin sociolinguistique de nature orale et pas écrite ?
- Salle à manger
Le mauvais résultant : le néo-bretonnant ?
Depuis que j’ai commencé mes études de master, j’entends ce terme de façon péjorative. On désigne les gens qui apprennent le « néo-breton », c’est-à-dire le breton avec l’orthographe unifiée, à l’école ou en stage (mais pas comme langue maternelle) et normalement, il s’agit des enfants à l’école ou des cours pour des adultes.
Il y a beaucoup de reproches sur l’enseignement de ce breton. Elle, la langue, est appelée un breton artificiel et critiquée de purisme pour ne pas utiliser des emprunts du français, sur le plan de la prononciation, la syntaxe, l’intonation, entre autres. D’un autre, la construction du « néo-breton » est polémique aussi pour l’usage de mots presque jamais utilisés par les locuteurs natifs et de même les emprunts du gallois et l’irlandais, mais surtout les emprunts du latin et grec sont vus comme trop français. Le breton utilisé par les néo-bretonnants est catalogué parfois comme un breton médiocre.
Une telle pensée est un peu extrémiste et pessimiste à la fois, car il apparaît que le but n’est pas la facilitation de la transmission de la langue, sinon l’enfermer dans le passé de cette dernière.
Que faire ?
Certains chercheurs voient dans le breton des caractéristiques propre du concept « badume ». « Le badume s’inscrit entièrement à l’oralité, ce qui explique la réticence de ses locuteurs à tout apprentissage de l’écriture » (Jean LE DÛ, Yves LE BERRE) [2] Comment pourrait-on arriver à protéger et transmettre ce type de langage d’une manière effective pour l’y conserver ?
Le breton fait partie des symboles les plus notables de l’identité du peuple Breton qui se reconnaît toujours comme une Nation Celte. Il est dommage qu’un des chemins de la langue bretonne soit la disparition totale.
Peut-être, pour trouver une solution faudrait-il avoir un esprit plus ouvert et comprendre que toutes les langues changent, même le breton ; au lieu de critiquer, et d’une certaine façon démotiver l’apprentissage de la langue bretonne de nos jours.
Notes
[1] Article 2 Modifié par Loi constitutionnelle n°95-880 du 4 août 1995 - art. 8
La langue de la République est le français.
L’emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge.
L’hymne national est la “Marseillaise”.
La devise de la République est “Liberté, Égalité, Fraternité”.
Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.
https://www.assemblee-nationale.fr/connaissance/constitution.asp
[2] Yves LE BERRE, Jean LE DU, Parité et disparité : sphère publique et sphère privée de la parole, Le Bretagne Linguistique ; Volume 10, Centre de Recherche Bretonne et Celtique, Brest 1996