L’immigration irlandaise en Australie au 19e siècle : le mythe de l’irlandais rebelle

Qui sont ces descendants celtes ayant émigré jusqu’en Australie ? Cet article à pour but d’éclairer les personnes désireuses d’en savoir plus sur l’immigration irlandaise notamment en Australie.

Des celtes en Australie ?

Quand on imagine l’Australie, on pense plus communément aux aborigènes, à ces milliers de plages, aux kangourous mais ce qui nous vient beaucoup moins à l’esprit c’est d’associer le monde celtique avec l’Australie. Difficile d’imaginer des croix celtiques, ou le roi Arthur se promenant sur Darling Harbour ni même Gildas nageant au beau milieu de la grande barrière de corail. Néanmoins, c’est à une toute autre époque que des hommes aux origines celtes ce sont effectivement installés en Australie.

Darling harbour

Une colonie pénitentiaire

Au 18e siècle, l’Australie fut choisie comme colonie pénitentiaire par les autorités britanniques pour pallier au manque de place dans les prisons du Royaume-Uni. En effet, les prisons étaient surpeuplées et les conditions sanitaires désastreuses. Ajouté à cela, le taux de criminalité augmentait en raison des inégalités sociales qui se creusaient et d’un autre coté les autorités ne pouvaient plus envoyer leur main d’œuvre aux États-Unis à cause de la guerre d’Indépendance. Le 13 mai 1787, la première flotte, sous le commandement du capitaine Arthur Philip, quitta Portsmouth avec 732 prisonniers. Après huit mois de voyage sur les océans, les onze premiers navires arrivèrent à Botany Bay le 18 janvier 1788, mais c’est le 26 janvier, jour national australien, que les condamnés firent leurs premiers pas en terre australienne.

Mais qui sont ces hommes qui se seraient installés en Australie ? En septembre 1791, les premiers condamnés irlandais arrivèrent à Port Jackson. Vers 1800 ils étaient plus de 1200 à Sydney et à Parramatta. Nous savons également d’après “The australian colonists” [ref], que l’Irlande a fourni environ un quart de la population des condamnés. Près de 30 000 hommes et 9 000 femmes, et 6 000 autres nés en Irlande et arrêtés en Angleterre. Entre 1791 et 1850, 40 000 détenus irlandais ont été transportés en Australie, en provenance d’Irlande, dans les années 1800, certains d’entre eux étaient des prisonniers politiques, exilés après la rébellion de 1798.

Irish convicts
Irish convicts

La grande famine ou un nouveau départ

Après cette massive exportation de condamnés, un événement néanmoins dévastateur et catastrophique amena une nouvelle vague d’irlandais en Australie. L’Irlande fit face à une des plus grandes crises agricole que l’Europe ait connue. La grande famine, à partir de 1845 poussa quelques millions d’Irlandais à émigrer dans des terres moins hostiles, aux États-Unis ou un peu plus hostiles en Australie. Dans les années entre Waterloo et la famine, un million de personnes sont allés en Amérique du Nord et pas moins de 30 000 en Australie. En 1871, 3,5 millions de personnes nées irlandaises vivaient à l’extérieur du pays, ce qui représente 5% de la population des États-Unis, (6% CAN) et 13% de celle de l’Australie. Dans la course contre la famine, il y avait un taux important d’émigration provenant du sud de l’Ulster.

Pendant la famine elle-même, l’émigration était la plus forte dans les régions du centre-nord et du centre-sud du pays. Les taux d’émigration les plus élevés provenaient de régions pauvres mais non démunies et où les gens avaient les moyens d’émigrer. Dans des régions telles que Clare, Kerry, Kilkenny, Limerick et Tipperary. Les taux d’émigration se situaient entre 16% et 18% pendant la famine alors que celui de Mayo n’était que de 8%.

De coriaces rebelles

Les irlandais qui n’en restaient pas moins des celtes étaient considérés comme des barbares par leurs homologues britanniques qui ne manquaient pas de leur faire savoir en manquant à leur impartialité judiciaire. Dans l’imaginaire collectif, c’est l’image d’un celte en armure et particulièrement celui du Roi Arthur qui se rebelle contre l’oppression qui nous vient en tête, peut-être est-ce un trait de caractère “celtique ” ? On retient notamment deux rébellions « Castle Hill rebellion » de 1804 et « The Eureka rebellion » de 1954, deux affrontements où les irlandais ont fait entendre leurs voix.

Ned Kelly ou une vision populaire de l’australo-irlandais

Ned Kelly

Ned Kelly, voilà un irlandais qui fit du bruit en Australie. Ce Robin des bois des temps modernes était à la fois considéré comme un assassin et d’autre part comme une icône populaire. Aujourd’hui son image de bushranger fascine toujours autant puisqu’il fit l’objet d’un film en 2003. On reconnaît en effet, des celtes et plus particulièrement les irlandais le fait de se rebeller contre la dominance anglo-saxonne que ce fut au Moyen-Age comme en des temps plus modernes. En Australie comme au Royaume-Uni la cohabitation entre irlandais et anglo-saxon fut très chaotique et toujours plus ou moins difficile pour les descendants celtes. En effet, c’est dans l’ombre de la couronne anglo-saxonne en terre d’exil que des descendants de celtes ont imposés leurs valeurs et montrés leur caractère rebelle.

Aujourd’hui l’Australie connaît un grand succès auprès des irlandais. Ils sont plusieurs milliers à venir chaque année découvrir les paysages australiens et également retracer le parcours de leurs ancêtres. Aujourd’hui plus 30% des australiens auraient du sang irlandais qui coule dans leurs veines.

Published 27 March 2018
  • by Yvanne Le est étudiante en première année de Master Langues et Cultures Celtiques en contact à l’université de Bretagne Occidentale à Brest. (...)
(Edited 23 March 2021)

Bibliographie

  • Bernard, Michel. Histoire de l’Australie (De 1770 à Nos Jours). L’Harmattan., 2003.
  • Gray, Peter. L’Irlande Au Temps de La Famine. Gallimard., 1995.
  • Inglis, Ken S. The Australian Colonists. Melbourne University Press., 1993.
  • Lonergan, Dymphna. Sounds Irish: The Irish Language in Australia. Lythrum press Adelaide., 2004.
  • Maignant, Catherine. Histoire et Civilisation de l’Irlande. Nathan., 1996.
  • Murphy, James H. Ireland: A Social, Cultural and Literary History, 1791-1891. Four Courts Press., 2003.
  • The Celtic Englishes II. Universitätsverlag C. Winter. Hildegard L C Tristram, 2000.