Fest Noz : Let’s Dance !

Amateurs de danses ou débutants ? Le fest-noz est fait pour vous ! Cette fête bretonne n’a pas fini de vous surprendre. Découvrez l’histoire du fest-noz ainsi que quelques informations pratiques avant de vous lancer sur la piste de danse !

Qu’est-ce que le Fest-Noz ?

Le «fest-noz» ou «fête de nuit» en français est une fête traditionnelle bretonne qui a lieu comme son nom l’indique de nuit. C’est l’occasion pour les musiciens de sortir la «bombarde» et le «biniou», instruments typiques de Bretagne et pour les danseurs de se retrouver et danser jusqu’au bout de la nuit. Le fest-noz est maintenant connu en France et même parfois au-delà des frontières de l’hexagone. Certains diront que cette fête ne fait que partie du «folklore». Mais le fest-noz a su évoluer et se renouveler en ne proposant pas seulement de danser sur du «kan ha diskan» ou sur le rythme des couples de sonneurs «bombarde/biniou» mais aussi sur des mélodies plus modernes, plus rock. En fest-noz il y en a pour tous les goûts et tous les styles. Le traditionnel se mélange avec le moderne, les instruments bretons avec des instruments venus d’autres univers musicaux. Que l’on soit jeune ou plus âgé, le fest-noz est un moment où l’on se retrouve tous ensemble pour faire vivre la culture bretonne.

Les premiers pas…

Le fest-noz tel que nous le connaissons actuellement n’a pas toujours existé. Avant la danse se pratiquait dans les campagnes lors de fêtes agricoles organisées pour la récolte par exemple. En Basse-Bretagne notamment les paysans s’entraidaient souvent aux champs pour les tâches difficiles et la journée de travail se finissait par la danse. [1] Les mariages étaient aussi des occasions de danser. En Cornouailles, certaines fois, la danse s’effectuait devant l’église et se poursuivait à la ferme lors de grandes fêtes. [2] Après la seconde guerre mondiale le fest-noz est sur le déclin. C’est en 1955, dans le centre Bretagne, que pour la première fois un fest-noz se déroule dans une salle des fêtes et non à la ferme. C’est la naissance du fest-noz «mod nevez» écrit Thierry Jigourel. Un phénomène qui prendra de plus en plus d’ampleur au fur est à mesure des décennies. [3]

Les Frères Morvan au Fest Noz à l'Espace de l'Étang Bleu de Paimpont
Les Frères Morvan au Fest Noz à l’Espace de l’Étang Bleu de Paimpont
Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Freres_Morvan.jpg
Credits Benoit Boulanger

On y chante en «Kan ha Diskan» c’est-à-dire en «chant/contre-chant», deux chanteurs se répondent, l’un chantant une phrase qui est reprise sur la dernière note par l’autre chanteur. On y joue aussi, les instruments traditionnels la «bombarde et le biniou» par des musiciens bretons que l’on désigne par le terme «sonneurs» jouant en duo (couple de sonneurs). Ces chanteurs et ces musiciens seront bientôt rejoints par des groupes, qui vont créer une petite révolution dans le monde du fest-noz. En 1971, le groupe «Diaouled Ar Menez» (les Diables des Montagnes en français) se forme. [4] Les instruments traditionnels sont accompagnés d’une guitare et d’un accordéon, ce qui ne fut pas au goût de tout le monde, Jigourel parle même de «Rolling Stones de la musique bretonne». [5] Les «diables» seront bientôt suivis par d’autres groupes notamment «Bleizi Ruz» ou encore les «Sonerien Du» le groupe emblématique du fest-noz, toujours très apprécié des danseurs. [6] Le fest noz va connaître un nouveau déclin dans les années 80 avant de revenir en force dans les années 90 grâce à des groupes qui veulent ramener les jeunes vers la danse. En 1984, c’est la formation du groupe «Ar Re Yaouank» un nom de circonstances car cela signifie «les jeunes». Le groupe rencontre un franc succès, certains «festoù-noz» passent de centaines de personnes à plus d’un millier. [7]. Les «festoù-noz» sont de plus en plus grands. Les festivals se développent comme les «Yaouank» à la toute fin des années 90. Ce grand festival lancé en 1999 a accueilli environ 5000 personnes à Rennes la première année. [8] La technologie s’invite aussi au fest-noz. La même année, Nicolas Gonidec crée le «cyber fest-noz». Un nom qui semble évoquer à la fois la tradition et la modernité. Le principe est que le fest-noz soit filmé et retransmis en direct sur internet pour que partout dans le monde les gens puissent profiter et danser. [9] En 2012, le fest-noz franchit une nouvelle étape en rentrant au Patrimoine Culturel Immatériel de l’UNESCO. [10]

Et maintenant ? L’expérience des danseurs d’ici et d’ailleurs

Aujourd’hui le fest-noz ne fait que se diversifier, il se réinvente à travers des influences musicales multiples qui mélangent aussi bien la musique traditionnelle bretonne que les musiques modernes. Mais les mots d’un texte ne suffisent pas toujours à expliquer les aspects originaux du fest-noz, voici donc pour une sélection d’artistes qui animent ces «fêtes de nuits».

Certains amateurs de festoù-noz ont partagé avec moi leur expérience des fêtes de nuits bretonnes. De Bretagne ou d’ailleurs, ils ont été captivés par la danse, la musique et l’ambiance électrique du fest-noz.

«J’ai commencé la danse il y a environ 6 ans dans un cercle celtique dans le Pays Bigouden. En fest-noz j’aime beaucoup danser sur les Sonerien Du ou Plantec.» ( Agathe, 23 ans, Bretagne)

«J’ai découvert le fest-noz quand j’avais 16 ans. Des amis d’Angleterre m’ont emmené en fest-noz dans le Trégor. Les gens sont très accueillants, venant de l’étranger je ne connaissais pas le fest-noz. J’ai été très surpris. J’ai aussi participé à des festoù-noz au Pays de Galles. Mon groupe préféré est Landat-Moisson Quintet.» (Felix, 24 ans, Royaume-Uni)

«Moi j’ai appris à danser en cercle celtique dans le Morbihan. Mon premier fest-noz c’était à Locmiquélic, c’était vraiment super. En fest-noz ce que j’aime c’est le mélange moderne et traditionnel, j’aime beaucoup le groupe ’Ndiaz par exemple.» (Enora, 22 ans, Bretagne) «Mon premier fest-noz c’était dans une ferme près de Pont-l’Abbé. Il y avait une très bonne ambiance, je n’avais jamais vu cela auparavant. Au départ je ne savais pas danser j’ai appris en festoù-noz et dans un cours de danses. J’ai noué de bons contacts avec les gens et j’ai appris beaucoup sur la culture bretonne. Ce que j’aime c’est l’ambiance électrique en fest-noz et le mélange des genres musicaux. Mes groupes préférés sont Beat Bouet Trio et Spoum.» (Jaime, 22 ans, Chili)

Comment entrer dans la danse ?

Vous vous demandez sûrement maintenant comment faire pour aller en fest-noz ? Où ont-ils lieu ?

Les festoù-noz se déroulent dans les quatre coins de la Bretagne, parfois ailleurs en France ou même dans le monde. La fête a souvent lieu le week-end le vendredi ou le samedi soir ou le dimanche dans la journée (la version de jour du fest-noz « fest deiz» littéralement «fête de jour»). Pour connaître les prochaines dates des festoù-noz , le site Tamm-Kreiz recense par département et à l’aide d’une carte toutes les fêtes qui auront lieu dans les semaines et les mois à venir. Le site donne toutes les informations pratiques sur les événements qui vous intéressent comme le prix ou les groupes invités. Il est également possible de trouver le site sur les réseaux sociaux. Il n’est donc pas difficile de trouver un fest-noz à proximité de cette manière, il suffit parfois même de faire attention aux affiches dans les villes et villages qui annoncent les festoù-noz.

Faut-il être déjà initié pour danser ?

Nous avons tous débuté un jour, il n’y a pas besoin d’être déjà un danseur expérimenté pour se joindre à la danse. Si vous êtes débutant, n’ayez pas peur de rentrer dans le cercle ou dans la chaîne de danseurs. C’est en pratiquant que l’on apprend. Certaines danses sont plus difficiles que d’autres, il vaut parfois mieux commencer par les plus faciles. Un conseil qui peut être utile, regardez d’abord les pieds des danseurs et essayez de faire les pas vous-même avant de rentrer dans la danse, c’est plus simple de cette manière.

Si vous n’êtes pas à l’aise pour vous lancer parmi les danseurs dès le premier fest-noz, il existe des formations et des cours de danses bretonnes partout en Bretagne. Le site Tamm-Kreiz référence également les stages de danses en France. La confédération Kendalc’h propose aussi des formations tout public chaque année pour débutants ou non-débutants. Pour les étudiants de l’UBO Brest, l’association étudiante SETU organise aussi des cours de danses au cours l’année universitaire. Peu importe votre niveau de danse, il est possible de faire ses premiers pas de danse et de progresser rapidement grâce à quelques cours ou en fest-noz.

Notes

[1Guilcher, Jean-Michel. La tradition populaire de danse en Basse-Bretagne. Imprimeries réunies Chambéry, 1963 p 17

[2Guilcher, Jean-Michel. La tradition populaire de danse en Basse-Bretagne. Imprimeries réunies Chambéry, 1963 pp 24-25

[3Jigourel, Thierry. Festoù-Noz Histoire et actualité d’une fête populaire. éditions CPE collection Reflets de Terroir, 2009 p 33

[4Jigourel, Thierry. Festoù-Noz Histoire et actualité d’une fête populaire. éditions CPE collection Reflets de Terroir, 2009
p 39

[5Jigourel, Thierry. Festoù-Noz Histoire et actualité d’une fête populaire. éditions CPE collection Reflets de Terroir, 2009
p 40

[6Jigourel, Thierry. Festoù-Noz Histoire et actualité d’une fête populaire. éditions CPE collection Reflets de Terroir, 2009
p 40

[7Jigourel, Thierry. Festoù-Noz Histoire et actualité d’une fête populaire. éditions CPE collection Reflets de Terroir, 2009 pp 54-55

[8Jigourel, Thierry. Festoù-Noz Histoire et actualité d’une fête populaire. éditions CPE collection Reflets de Terroir, 2009 p 57

[9Jigourel, Thierry. Festoù-Noz Histoire et actualité d’une fête populaire. éditions CPE collection Reflets de Terroir, 2009 p 57

[10Postic, Fañch. “Le renouveau du fest-noz” [en ligne]. Bécédia, novembre 2016 http://bcd.bzh/becedia/fr/le-renouveau-du-fest-noz

Published 1 April 2019
  • by Diplômée de Licence d’anglais et actuellement étudiante du master Langues et Cultures Celtiques en Contact parcours moderne, Louise Michel (...)
(Edited 5 July 2021)

Bibliographie

Jigourel, Thierry. Festoù-Noz Histoire et actualité d’une fête populaire. éditions CPE collection Reflets de Terroir, 2009

Guilcher, Jean-Michel. La tradition populaire de danse en Basse-Bretagne. Imprimeries réunies Chambéry, 1963

Postic, Fañch. “Le renouveau du fest-noz” [en ligne]. Bécédia, novembre 2016 http://bcd.bzh/becedia/fr/le-renouveau-du-fest-noz

Liens

Tamm-Kreiz : https://www.tamm-kreiz.bzh/festnoz

SETU : https://setu.bzh/

Confédération Kendalc’h : http://www.kendalch.com/confederation1/la-formation